NE LÂCHONS RIEN !

"On ne peut déserter le champ de bataille à l'heure du combat décisif" Yu Dafu

Ce décret d'abaissement des vitesses promulgué au mépris des alertes et grognes des usagers mais aussi des élus du peuple, est une preuve de l'autisme du premier ministre et d'une politique de contraintes faite sans aucune concertation ni prise en compte des problématiques sociales des citoyens. Au mépris d'une véritable politique de sécurité routière qui serait possible si le pouvoir en place acceptait d'entendre les experts qui sont en lien avec la réalité du terrain.

Ce décret « 80 » n'est pas une mesure de sécurité routière. Il est promulgué ? La FFMC en a déjà fait sauter par le passé. Les Assises du mouvement FFMC se sont prononcées en faveur d'une continuité des actions car pour les militants, bien conscients que ce décret a été le fer de lance de la mobilisation, c'est avant tout l'ensemble de la politique de sécurité routière qui est à dénoncer. Nous ne devons rien lâcher.

Grâce à l'exceptionnelle mobilisation de ses antennes (plus de 300 manifs depuis janvier !), au lobbying parlementaire mis en place, à l'information au plus grand nombre, la FFMC a gagné en crédibilité et en reconnaissance de son expertise auprès des pouvoirs publics et élus ainsi que de tous les motards et usagers de la route en général.

Cette cohésion, cette unité est une force que nous avons gagnée avec ce combat. C’est aussi ce qui nous a permis de convaincre de nombreux sénateurs, de nombreux députés, et permis de pousser de nombreux élus locaux à ouvertement prendre le sujet de la sécurité routière à bras le corps en s’interrogeant sur ses véritables enjeux, contrairement aux orientations prises par le Gouvernement.

Utilisons cette synergie et cette prise de conscience de nos élus et démontrons plus encore notre capacité de proposer des alternatives, démontrer ce qui fonctionne en partageant nos expériences sur les sujets de formation et de meilleure prise en compte des infrastructures routières.

Par nos actions de terrain nous démontrons que nous comptons parmi les experts à solliciter. Après tout, nous sommes aussi en capacité de proposer des décrets :

« A compter du 1er janvier 2019, afin de réduire le nombre de morts par accidents domestiques (environ 20 000 par an), le port d’un casque sera obligatoire dans les douches ne disposant pas de poignées murales et celui du gilet de sauvetage dans les baignoires excédant une profondeur de 20 cm. »

Vous trouvez cela absurde ? C’est pourtant dans l’esprit des dernières mesures de SR.

De son côté, la FFMC a décidé d'agir et de proposer une véritable proposition de loi allant réellement dans le sens d'une volonté de réduire la mortalité routière. Nous y travaillons activement, et ladite proposition de loi risque fort d’en surprendre « quelques-uns » quand ils en prendront connaissance !

Notre mobilisation a démontré que nous étions une fédération unie, capable d’emporter l’adhésion d’élus mais aussi d’autres organismes et associations d’usagers de la route à nos arguments. Démontrons-le encore en continuant avec des actions concrètes et déterminantes sur l’évolution de la prise en compte de notre spécificité d’usagers de la route

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Tout le monde le sait, 80 km/h sur les 2 voies sans séparateur central, c’est en place. Une mesure qui change l’énergie cinétique en cas d’accident, qui permet (si respectée) de diminuer la distance de freinage, donc globalement qui permet en cas d’accident d’en réduire les conséquences. Mais surtout, une mesure qui n’intervient en rien contre les comportements à risques, téléphone en conduite, distracteurs embarqués (écrans tactiles et autres) de plus en plus nombreux, alcool, stupéfiants, médicaments (les français sont de gros consommateurs de psychotropes), ni n’intervient sur l’état des routes. Pire, l’Etat qui avait promis de prendre en charge le coût de remplacement des panneaux propose de rembourser les départements grâce aux fonds rapportés par les radars : ceux-là même qui sont censés alimenter l’entretien des routes, décentralisé vers lesdits départements ! Entre le coût de ces panneaux et celui des campagnes de communication TV, radio et presse écrite de la Sécurité routière pour défendre la mesure, on peut déduire qu’il y aura moins de moyens encore pour entretenir nos routes grâce à la mesure du 80km/h : le monde à l’envers ! Combien de glissières de sécurité auraient pu être doublées avec les 20 à 30 millions d’euros ainsi dépensés ?

Pourtant, il y a bien mieux à faire, le Danemark l’a prouvé en prenant le problème dans le bon sens : le gouvernement danois a entièrement refait une partie de son réseau secondaire pour que les usagers y circulent dans de meilleures conditions de sécurité, ce qui a permis d’y remonter la limitation de vitesse de 80 à 90 km/h ! Certes, le reste de leur réseau reste à 80, mais la démarche va dans le bon sens, et surtout, on constate une baisse de l’accidentalité sur cette partie de leur réseau ! On peut également noter que le même Danemark avait remonté la limitation sur autoroutes de 110 à 130 km/h en 2005, avec pour résultat une baisse des accidents ! En Australie, une expérimentation de vitesse libre sur autoroute ayant donné de bons résultats, la mesure a été étendue à de plus grandes portions, l’étude continue. On sait qu’une partie du réseau allemand est lui aussi en vitesse libre avec des bons résultats. Ce qui tend à démontrer que le problème principal n’est pas la vitesse brute…

Le gouvernement aurait bien mieux fait de s’appuyer sur la promotion des distances de sécurité, ce qui implique à la fois le différentiel de vitesse des véhicules, une conduite apaisée donc moins d’occurrences d’accidents…

Là encore, nous devons continuer de défendre nos positions et propositions : la sécurité routière doit se faire avec ses vrais spécialistes. Nous ne lâcherons rien !

Restrictions de circulation : ça va se compliquer !

Si l’appellation passe de Zone à circulation restreinte (ZCR) à Zones de basses émissions (ZBE, traduction de l’anglais - LEZ - Low emission zone), le principe en reste le même. Plus le véhicule est ancien, plus il est censé polluer donc moins il a le droit de circuler. Une mesure a priori de bon sens pour améliorer la qualité de l’air, un objectif plus que louable, vital, mais qui ne va pas sans poser de problèmes en particulier sociaux. Une fois leur vieux véhicule interdit, comment feront les banlieusards déjà éloignés par les montants des loyers des centres-villes où l’on trouve du travail, obligés d’utiliser un véhicule personnel pour au moins une partie de leur trajet et sans ressources suffisantes pour assumer l’achat des véhicules dits propres ? L’alternative que fournissent les transports en commun est aujourd’hui insuffisante pour couvrir leurs besoins, et que dire des faillites successives des mobilités alternatives que sont Autolib et Vélib ?

Ceci posé, il n’en reste pas moins que de plus en plus de municipalités se positionnent en faveur de l’extension de la ZBE, comme par exemple Plaine Commune (regroupement de communes du 93) qui préconise son extension jusqu’à l’A 86 !

Pourtant, la FFMC le proclame depuis les premiers projets de ZAPA, le deux-roues motorisé (2RM), qui échappe aux bouchons, permet une fluidification du trafic de fait donc une moindre pollution. Un 2RM en circulation urbaine, c’est une voiture de moins dans les encombrements, un usager de transports en commun déjà saturés, bref une alternative crédible en ce qu’elle constitue un moindre mal donc favorise une transition vers un monde urbain plus vert.

Il reste à constater que partout ailleurs, les 2RM sont différenciés des automobiles : la France est donc une exception qui classe les 2RM comme les voitures dans les LEZ ! Ailleurs, d’autres l’ont bien compris, comme la Suède qui vient d’autoriser les 2RM dans ses LEZ, l’Allemagne où les 2RM n’ont aucune interdiction de circulation, les grandes villes espagnoles comme Madrid ou Barcelone qui favorisent les 2RM...

Pourquoi nos gouvernants ne prennent-ils pas exemple sur ce qui se fait intelligemment ailleurs ?